Anaïs Ducrey, orthophoniste au sein du pôle médica (24-09-2021)... DU PÔLE MÉDICAL
À l’occasion de l’ouverture du pôle médical de Praz-sur-Arly, la mairie a décidé de présenter chacun des professionnels y travaillant. Aujourd'hui, nous rencontrons Anaïs Ducrey, orthophoniste.
« À l’origine, décrit la jeune femme de 25 ans, je me destinais à un métier de la santé, sans avoir une idée arrêtée. J’aimais les sciences et la langue française. » C’est la rencontre d’une orthophoniste passionnée par son métier durant son année de terminale – « qui m’a parlé de son quotidien, de la variété de sa patientèle » - qui l’a convaincue.
Elle s’est alors inscrite en classe préparatoire pour maximiser ses chances de réussite au concours d’entrée à l’école d’orthophoniste de Lyon, très sélectif, et a réussi le concours. Elle a ensuite étudié cinq années à la faculté de médecine, au sein de l’Université Claude Bernard, et obtenu son diplôme en 2019. Elle a commencé à travailler dans la foulée sur Sallanches, au sein du Centre Hestia spécialisé en périnatalité, puis, à partir de mai 2021, dans le pôle médical de Praz-sur-Arly.
Elle explique : « L’orthophoniste est le spécialiste du langage, de la communication et de la déglutition. Il est connu pour prendre en charge les troubles de l’apprentissage (les “dys” comme on disait), mais son champ est bien plus large, et c’est ce qui est riche. » Par exemple, actuellement, son plus jeune patient a 1 an 1/2 et sa plus âgée 88.
Anaïs Ducrey apprécie autant la diversité de ses patients, en termes d’âges, de pathologies et de modes de vie, que la dimension humaine, la créativité ou la stimulation intellectuelle ressentie quand elle rencontre une nouvelle personne et qu’elle élabore un plan de soin personnalisé pour l’accompagner.
Son domaine de prédilection est la neurologie : rééducation post-AVC, démence, traumatisme crânien. « J’aime comprendre le fonctionnement de la personne que je rencontre pour proposer des solutions en adéquation avec son projet de vie et son quotidien. Bien-sûr, je reçois aussi des enfants et des adolescents. »
La différence entre la vallée, son ancien lieu d’exercice, et l’altitude
Les maux les plus rencontrés en altitude, dans le milieu montagnard, sont les traumatismes crâniens liés aux accidents en montagne et les dysphonies (les troubles de la voix) fréquemment rencontrées chez les professionnels forçant sur leur voix au quotidien, tels les moniteurs.
« Du côté des plus jeunes, je suis heureuse de constater que les petits montagnards sont des enfants vifs et curieux, préférant les jeux de plein air aux écrans. Cela facilite leurs apprentissages et protège leur concentration. »
« En m’installant sur Praz, je me suis éloignée de mes confrères du bas de la vallée. Je m’efforce donc d’être polyvalente pour répondre à la demande abondante et variée du Val d’Arly. » Elle aime bien l’idée d’être une « ortho montagnarde » qui peut prendre ses baskets ou ses skis de rando pour rejoindre un domicile éloigné si besoin, même si ce n’est pas encore arrivé.
« Je pense être rigoureuse, travailleuse, avec juste ce qu’il faut de folie pour entretenir la motivation de mes patients et travailler dans la bonne humeur. »
C’est la gestion du planning qui, en plus d’être chronophage, doit faire en sorte que les enfants manquent le moins possible la classe, sans rallonger leurs journées en soirée.
La progression des patients et les retours positifs des familles suite à son accompagnement sont à l’inverse ses bonheurs. Tout comme la reconnaissance des gens de ne plus avoir à descendre sur Sallanches ou Ugine pour les soins orthophoniques, qui est sa « petite récompense ».
En s’installant à Praz, Anaïs Ducrey a gagné en confort de vie car elle s’est rapprochée de son domicile. Cela lui permet d’être plus disponible et d’optimiser la qualité de son travail.
Son plus beau souvenir, parmi les nombreux déjà gravés dans sa mémoire
C’est indéniablement « celui d’une jeune femme que j’ai rencontrée en réanimation au Centre Hospitalier Alpes Léman alors que j’étais en stage de dernière année. Elle venait de faire un AVC massif. On m’avait demandé de faire son bilan en éveil de coma. La patiente présentait une aphasie si sévère qu’elle ne pouvait plus du tout parler, associée à une importante paralysie du corps. Elle en était elle-même terrifiée.
J’ai mis en place un système simple de communication par un léger serrage de main pour répondre OUI ou NON. Elle a rapidement compris et nous avons pu communiquer par des questions courtes et fermées. C’était la première fois qu’elle pouvait exprimer ses émotions et sa douleur.
Ce souvenir est effroyable mais il résume tout notre investissement, en tant qu’orthophoniste, pour rétablir la communication. »
Les rendez-vous se font du lundi au vendredi, au cabinet (125 route de la Tonnaz 74120 Praz-sur-Arly) ou à domicile (sur prescription médicale, dans le cas de patients ne pouvant pas se déplacer).
Les soins orthophoniques nécessitent une prescription de votre médecin. Il doit y figurer « bilan orthophonique avec rééducation si nécessaire ».
